• Le 26 Juin 2011, date d’anniversaire d’Aimé CESAIRE, les membres du Balisier du Grand Nord
    rappelaient leur attachement à ce grand Homme. A cet effet, ils ont effectué un ensemble d’actes
    symboliques tels que la mise en terre de l’arbre qui le fascinait par sa « force (Cahier d’un retour au
    pays natal
    ) », et l’inspirait : l’amandier ; et la lecture à voix haute de textes forts ("Chanson de
    l'hippocampe")
      en lieu et place de son ancienne maison située sur « l’habitation Eyma », à
    Basse-Pointe, dont il ne reste aujourd’hui plus qu’un mur
    (Cf. Article du 30 Juin 2011).
     

    Chanson de l’hippocampe

    Petit cheval hors du temps enfui
    bravant les lès du vent et la vague et le sable turbulent
    petit cheval
    dos cambré que salpêtre le vent
    tête basse vers le cri des juments
    petit cheval sans nageoire
    sans mémoire
    débris de fin de course et sédition de continents
    fier petit cheval têtu d’amours supputées
    mal arrachés au sifflements des mares
    un jour rétif
    nous t’enfourcherons
    et tu galoperas petit cheval sans peur
    vrai dans le vent le sel et le varech

    Aimé CESAIRE, Extrait du recueil Moi, Laminaire


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  • La comédienne et chanteuse française Jenny Alpha, figure de la culture créole, est décédée mercredi 8 septembre 2010 à l'âge de 100 ans, a annoncé le ministère de la Culture dans un communiqué. Née en avril 1910 en Martinique, Jenny Alpha s'était installée à Paris en 1929 où elle pensait devenir institutrice. Elle sera finalement comédienne, chanteuse et croisera sur sa route de grands noms du jazz et du music-hall, Duke Ellington mais aussi Joséphine Baker.

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    Après la dernière guerre, "elle avait consacré toute son énergie, tout son talent, à la défense et à la reconnaissance de la culture créole, alors même qu'Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor se faisaient les chantres de la négritude", rappelle le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand en lui rendant hommage. Elle les rencontrera à Paris lors du premier congrès des écrivains noirs en 1956. Elle "aura été ainsi avant l'heure une très belle figure de cette diversité qui fait la richesse de la France, une France qu'elle aura servie aussi avec un grand courage en s'engageant dans la Résistance", ajoute le communiqué.

    Après les boîtes de jazz, sa vraie naissance au théâtre avait commencé en 1984 dans "La folie ordinaire d'une fille de Cham" de l'écrivain antillais Julius Amédée Laou. A 94 ans, elle répétait encore "la Cerisaie" de Tchékhov, mise en scène par le Haïtien Jean-Pierre Lemoine. En 2008, à 98 ans, elle avait enregistré un nouveau disque "La sérénade du muguet", précise le communiqué.
    (source AFP)

    En hommage à sa carrière et sa personnalité exceptionnelle, la salle de casting du Point Culture Spectacles de Pôle emploi Martinique porte son nom depuis sa création.


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  • Il n'y a pas dans le monde un pauvre, un pauvre type lynché, un pauvre homme torturé en qui je ne sois assassiné et humilié.

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    où l’aventure garde les yeux clairs
    là où les femmes rayonnent de langage
    là où la mort est belle dans la main comme un oiseau
    saison de lait
    là où le souterrain cueille de sa propre génuflexion un luxe
    de prunelles plus violent que des chenilles
    là où la merveille agile fait flèche et feu de tout bois

    là où la nuit vigoureuse saigne une vitesse de purs végétaux

    là où les abeilles des étoiles piquent le ciel d’une ruche
    plus ardente que la nuit
    là où le bruit de mes talons remplit l’espace et lève
    à rebours la face du temps
    là où l’arc-en-ciel de ma parole est chargé d’unir demain
    à l’espoir et l’infant à la reine,

    d’avoir injurié mes maîtres mordu les soldats du sultan
    d’avoir gémi dans le désert
    d’avoir crié vers mes gardiens
    d’avoir supplié les chacals et les hyènes pasteurs de caravanes

    je regarde
    la fumée se précipite en cheval sauvage sur le devant
    de la scène ourle un instant la lave
    de sa fragile queue de paon puis se déchirant
    la chemise s’ouvre d’un coup la poitrine et
    je la regarde en îles britanniques en îlots
    en rochers déchiquetés se fondre
    peu à peu dans la mer lucide de l’air
    où baignent prophétiques
    ma gueule
    ma révolte
    mon nom.

    Aimé Césaire


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